GOOD LORD (Oh Lord ! Tome 3) Laure Elisac, tous droits réservés Extrait 21

Jeudi 9 Septembre 2017


Le feuilleton de l'été continue et il est en ligne !
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Ne cherchez pas de lien entre les prochaines couvertures éphémères et les extraits, car je suis en train de chercher la couverture finale.

Extrait 21


Design Laure Elisac

Samedi 11 juin 2011, Belgravia, Londres



Lawrence conduisait en silence. Mis à part son manque d’entrain pour le jeu de l’oie familial : Sexe – Beaux-parents – Mariage – Maison – Progéniture – Cimetière, on pouvait déclarer l’expérience relativement agréable. Les parents de Sonia s’étaient montrés de bonne compagnie : son père, Stuart Atkins, était un homme d’affaires cultivé et intelligent, sa mère, Li Mei l’avait conquis par son charisme et sa féminité. À quarante-sept ans, elle en paraissait quinze de moins, Lawrence avait eu l’impression de découvrir la sœur de Sonia. Et cette silhouette ! Elle avait conservé de ses années de danseuse à l’opéra de Pékin une grâce et un maintien qui en faisait le centre de l’attention. Des qualités qui le poussaient à se montrer indulgent envers son attirance pour le total look façon bonbon. Li Mei s’habillait principalement en Escada. Lorsqu’elle était apparue à l’aéroport, elle portait une blouse et pantalon tailleur rose bubble gum absolument improbable. Escarpins et pochette assortis. Ce soir, au restaurant elle arborait une robe safran, escarpins et pochette assortis. Et vernis. Cela lui donnait une allure d’oiseau exotique. Avec sa chevelure ébène cascadant sur ses épaules, elle était saisissante.
Il se tourna vers Sonia, la jeune femme regardait distraitement le défilement des vitrines en berne. Au contact de Li Mei et Stuart, elle devenait transparente. La beauté de sa mère éclipsait la sienne, et le peu d’éclat qui lui restait était sacrifié à la tâche ingrate de plaire à son père.   
– Avez-vous prévu de vous retrouver, demain ? s’enquit-il gentiment.
Elle lui offrit un sourire forcé, le même qu’elle utilisait pour quémander l’assentiment de son père. Elle s’adressait à ce dernier comme si elle passait un entretien d’embauche.  
– Non. Ils brunchent en dehors de Londres, avec des amis. 
– Tes parents sont très unis, j’ai rarement rencontré un couple de leurs âges aussi complice.
Cela l’avait surpris. Ils se comportaient comme s’ils sortaient de lune de miel, leur fille se réduisant à un simple filigrane dans l’arbre généalogique. Il dépassa la maison de Belgravia, et continua jusqu’au garage.
– Ils sont fusionnels. Ils me laissaient la plupart du temps à la garde de mes grands-parents quand j’étais enfant, ils adorent voyager en amoureux.
– Ils ne t’emmenaient jamais ?
– Jamais, à part quand ils venaient ici. Ou lorsqu’ils se déplaçaient dans un pays anglophone. Papa avait tellement peur que j’oublie mes racines. Mais j’aimais bien rester seule. De toute façon, je n’étais déjà pas douée pour me faire des copains à cette époque ! Pour mes six ans, ils m’ont embarquée avec eux en Nouvelle-Zélande. Je jouais seule sur la plage pendant qu’ils étaient occupés à Dieu sait quoi. Pas ça, idiot ! ajouta-t-elle, devant l’expression narquoise de Lawrence.
Elle secoua la tête.
– Brrr je ne veux pas avoir ces images dans le cerveau ! Enfin, bref, tu les as vus, ils se regardent et ils sont ailleurs. Mon passe-temps préféré consistait à m’éloigner le plus possible avec ma pelle et mon seau et, lorsque des adultes me demandaient où se trouvait ma maman, je leur racontais que j’étais orpheline et que je m’appelais Michael.
– Michael ? demanda-t-il, amusé.
–J’avais la coupe au bol et j’étais toute maigre, comme ces moustiques, tu sais, les cousins, avec leurs longues pattes. J’adorais m’imaginer en garçon. Mais chaque fois que je croisais des adultes gentils, ils me ramenaient à l’hôtel et ils rencontraient mes parents. Ils tombaient sur le charme et parlaient sans fin de trucs de grands. Je repartais explorer la plage.
La voiture garée, Lawrence contourna le véhicule et ouvrit la portière de la jeune femme. Une ride verticale séparait ses jolis sourcils. Il cueillit son visage et effleura le froncement d’un baiser. Sonia rit, gênée, comme souvent lorsqu’il lui témoignait de l’affection. Elle sentait bon, son shampoing au jasmin avait eu toute la journée pour s’évaporer. Il l’embrassa. Ils gardaient sur leurs lèvres le goût de la salade de fruits mangée au restaurant. Sonia commandait toujours comme lui. L’ananas était particulièrement savoureux, il parcourait ses notes sucrées et acidulées de la pointe de sa langue. Elle se laissa aller contre lui, le corps alangui, moins raide que d’habitude, car elle avait bu quelques verres de vin, dans le souci de suivre la descente de son père qui en avait une bonne. Il la souleva pour la déposer sur le capot de la voiture. Elle frémit. Dans ses prunelles brillaient l’envie et la surprise. Et un peu le reproche également. Elle n’était pas le genre de femme à se retrouver sur un capot, même celui d’un coupé dispendieux. Tant mieux, c’était justement le contraste de ses vêtements Paul Smith avec l’atmosphère du garage qui stimulait Lawrence. Il se pencha sur elle dans un mouvement explicite et elle comprit qu’il n’avait pas l’intention de s’arrêter à un baiser. Elle protesta et chercha à s’esquiver. Son pantalon en satin glissait sur la peinture métallisée, Lawrence agrippa ses cuisses et enroula ses jambes d’amazone autour de sa taille.
– Lawrence, la porte... on va nous remarquer !
– Mais non, on est dans l’ombre. Et puis, à cette heure-ci, il n’y a personne, tu ne crains rien. 
Le box étant suffisamment profond pour accueillir deux véhicules, l’éclairage des lampadaires ne parvenait pas jusqu’à eux.
– Allez, mon petit Michael, dit-il, en remontant son haut pour accéder à ses seins, qu’as-tu fait de ton esprit d’aventure ?
Il posa sa bouche sur la sienne pour l’empêcher de répondre. Tout à l’heure, il s’en voudra d’avoir été autoritaire, mais, à l’instant, il goûtait la douceur des températures printanières, et il n’avait pas fricoté en plein air depuis l’été de ses seize ans en Californie. Il percevait encore la caresse de la brise tiède sur son dos d’adolescent mal dégrossi, pendant qu’il rentrait avec un tel enthousiasme dans le corps de sa partenaire qu’il avait l’impression que ses bourses, dotées d’une existence propre, s’y engouffraient de concert. Le garage de Belgravia ne humait ni les embruns ni les essences de bois de la forêt qui les abritait, mais sa complice conduisait une jeep, et c’était à l’arrière de l’engin qu’il la prenait. L’odeur du métal et du pot d’échappement était universelle. Sonia détourna la tête pour se libérer de son emprise.
– Ok, dit-il, pas de problème, que des solutions.
Il tendit le bras pour actionner la fermeture du battant et les isoler de la rue, puis il éclaira le plafonnier, afin de profiter de la vue. Sonia avait les joues rouges et l’électricité statique collait ses cheveux épars sur le capot. Ses yeux luisaient comme deux onyx prêts à le punaiser contre le mur. Il défit sa braguette pour exposer son membre et l’inviter à palper ses intentions.
– Est-ce que tu faisais ça avec Eve ? Ici ?
Il suspendit son geste.
– Jamais. Je te le promets.
Elle se détendit. C'était terrible, ce besoin de se mettre en rivalité avec Eve, mais si présentement elle tirait une quelconque sensation de victoire à l'idée d'être sautée dans un garage chargé d'hydrocarbure, ce n'est pas lui qui la contrarierait. Elle saisit son pénis comme un hochet. Lawrence se résigna à se faire secouer comme un jouet mais il garda les yeux ouverts, car lorsqu'il les fermait, c'était Eve qu'il voyait.

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